Portrait de Lorraine, couturière aussi passionnée que passionnante
Si elle a appris à coudre pour habiller ses poupées Barbie, aujourd'hui c'est sa robe de mariée qu'elle vient de coudre et broder avec des centaines de fleurs blanches. Rencontre avec une cliente que l'on a vu grandir, Lorraine.
Comment te présenterais-tu pour nos lectrices qui ne t’ont pas connue lorsque tu travaillais à la boutique ?
Je m’appelle donc Lorraine, j’ai 28 ans et j’habite à Lyon. Je suis originaire de Grenoble où j’ai travaillé quelques années à la maison de la couture. Je suis formatrice et animatrice commerciale pour VP France qui commercialise les deux marques de machines à coudre Pfaff et Husqvarna
Tu couds depuis combien d’années ?
Depuis que j’ai 15 ans, cela fait donc 13 ans.
Comment une jeune fille de 15 ans décide d’apprendre à coudre ?
J’ai plutôt appris toute seule. J’ai découvert la couture en fouillant un peu dans les affaires de ma mère au grenier. J’ai découvert la machine qu’elle avait achetée chez Varanfrin* à l’époque. Je l’ai reprise pour habiller mes vieilles poupées. J’ai donc commencé par coudre des habits de poupée Barbie, et c’est carrément petit. Très vite, au bout de 4 mois, j’ai voulu me faire mes propres vêtements.
Tout cela, sans prendre de cours de couture ?
Sur internet on trouvait déjà quelques tutoriels, ma mère m’avait offert une encyclopédie de la couture et Cécile était ma voisine. Quand j’étais petite ma mère prenait des cours avec Cécile, et avec ses enfants on trainait sous les tables. J’étais donc proche de beaucoup de couturières. Ensuite, l’avènement des tutos, Youtube, internet, les blogs, et là, c’était plus facile de se former.
Quel est ton équipement en termes de machines à coudre ?
Aujourd’hui, du fait de mon travail je dispose de plusieurs machines. J’ai donc l’Icon de Pfaff, j’ai toujours ma Brother (qui coud et brode) comme l’Icon. La Brother, ma première machine offerte par ma mère qui l’avait achetée sur la foire de Grenoble à Cécile. Et j’ai aussi une surjeteuse-recouvreuse Babylock Ovation.
Tu couds beaucoup et, de mémoire, tu partages aussi beaucoup sur les réseaux sociaux. Où peut-on voir tes créations ?
Actuellement uniquement sur Instagram. J’ai eu un blog que j’ai fermé par manque de temps. C’est motivant de montrer ce que l’on fait, ça donne toujours envie de s’améliorer. J’aime bien partager avec les gens, et j’aime bien voir ce que font les autres. C’est une communauté hyper cool, très bienveillante. Pour moi c’est moteur de partager. Ça me fait aussi une vitrine de ce que je fais et sais faire. Pour évoluer dans le milieu de la couture, c’est quand même utile. C’est comme ça que j’ai trouvé mon job.
Aujourd’hui qui t’inspire ?
J’aime beaucoup Madeinestel. Je regarde toujours ce que fait Cécile. J’aime bien voir ce qu’elle coud, ce n’est pas forcément mon style, elle est plus colorée que moi, mais ça me donne des idées et ça me donne envie de sortir de ma zone de confort.
Justement, quelle pièce préfères-tu en couture ?
J’aime beaucoup coudre des robes, parce que c’est ce que je mets le plus.
Et qu’est-ce qui te motive quand tu te lances dans un nouveau projet ?
La principale motivation c’est quand je vois un vêtement dans un magasin. Je me pose toujours la question de savoir si je pourrais le refaire. Si je peux le coudre moi-même. C’est ça qui me motive plutôt que d’acheter un truc tout fait peut-être made in China. Je me dis que j’ai les compétences pour le faire à ma sauce.
Est-ce que tu as besoin d’apprendre quelque chose de nouveau chaque fois ou est-ce que le plaisir domine ?
C’est carrément le plaisir ! Je peux coudre un même patron plusieurs fois dans des tissus différents en changeant quelques détails, en rajoutant une broderie à un endroit ou des bandes froncées par exemple. J’aime beaucoup faire ça sur les patrons de chemise.
Quelle est ta marque de patrons préférées ?
Named sans hésitation. Et mon modèle préféré la robe Reeta.
Et pour les tissus, quelle est la matière que tu affectionnes particulièrement ?
Je suis très viscose. Pour les robes c’est parfait. Et plutôt les imprimés, l’uni m’ennuie. Dernièrement j’ai cousu ma robe de mariée. Le plus long a été de broder les fleurs, je les ai piquées une à une et ensuite j’ai repiqué les pétales à chaque angle. J’ai dû y passer quatre à cinq journées complètes.
Quel est ton prochain projet couture ?
Je viens d’acheter avec Cécile une soie verte imprimée. Je vais faire une robe longue bohème avec des volants, dans cette soie complètement folle.
*Monsieur et Madame Varanfrin étaient les prédécesseurs de Cécile et Thierry Bériot. On en parle d’ailleurs dans cet article