Thierry Bériot "La couture c'est un plaisir"

Cela fera 20 ans cette année que Cécile et Thierry Bériot ont fait de "La Maison de la couture" ce lieu où tous les passionnés de couture du bassin grenoblois mais aussi de la région Rhône-Alpes (et de la France entière avec le site internet) aiment venir acheter des machines à coudre, à broder ou à surjeter, se former et découvrir les dernières tendances de ce secteur en perpétuel mouvement. Rencontre...

Racontez-nous un peu l'histoire de "La maison de la couture"

L'histoire est amusante, puisque c'est à Cécile (NDLR : son épouse) que la proposition a été faite de reprendre un magasin de couture existant sur Grenoble. Mais c'est moi qui ai dit que ça m'intéressait.  Tout dans cette proposition me convenait : avoir une petite affaire à nous, travailler avec Cécile. C'est toujours intéressant d'avoir une bonne locomotive. J’ai dit "Banco" parce que je savais que l'expertise de Cécile dans la couture rendrait les choses viables.

Comment passe-t-on de la grande distribution dans le domaine du bricolage à un magasin de machines à coudre ?

D'abord il faut se former, c'est obligatoire. On part donc en stage dans les usines des fabricants. Pour avoir l'agrément de la chambre des métiers et de l'artisanat il faut avoir la formation adéquate. L'ancien propriétaire m'avait également appris beaucoup de choses. Quand on a fait le tour de toutes les marques avec lesquelles on travaille, on devient artisan. Cette certification en poche, on devient également commerçant puisque nous avons la double casquette.

Et cela vous a plu tout de suite ?

Oui ! Je suis très content, c'est un job extrêmement convivial. C'est 90% de plaisir !

Qu'est-ce qui vous plait le plus ?

C'est la diversité des fonctions. On est une petite entreprise, donc chaque jour on fait tout : comptabilité, achat, vente, technique. J'apprécie énormément le contact avec les clients. On a une clientèle géniale, on a cette chance là aussi.

Thierry Bériot La Maison de la Couture Grenoble

On trouve sa place quand on est un homme qui évolue dans un secteur essentiellement féminin ?

Oui, on est extrêmement bien accueilli et on a affaire à des gens très tolérants, puisque, entre guillemets, on a le droit de ne pas être un expert dans le domaine précis de la couture. Quand je ne sais pas, je sais que je peux me tourner vers Cécile ou les autres vendeuses du magasin. Ça, je ne le savais pas avant de démarrer mais c'est évidemment très agréable.

Vous n'êtes plus le seul homme de la boutique maintenant…

Oui, la boutique a connu une belle croissance et on a pris un technicien performant. Maintenant pour assurer le service après-vente d'une machine à coudre ou à broder il faut autant avoir des compétences en électronique qu'en mécanique. Dominique, notre technicien, me permet de me libérer du temps pour la partie commerciale.

C'est facile de travailler en couple ?

Travailler avec son épouse, vous ne trouverez jamais des gens qui vous disent que c'est compliqué. C'est une merveille ! D'ailleurs ou ça marche très bien ou ça n'existe pas. Pour moi c'est absolument génial. En plus on s'occupe chacun de domaines tellement différents… Cécile gère le site internet, les achats tissus et mercerie, toute la partie brodeuses et surjeteuses, ainsi que les cours de couture que nous organisons dans la boutique à Grenoble. Et moi je gère le service après-vente, la comptabilité et les achats fournisseurs. Nous ne sommes jamais en conflit.

Thierry Bériot devant une machine brodeuse La Maison de la Couture Grenoble

Ce qui touche à la couture, la mode, vous intéresse ?

Je m'intéresse aux belles choses. Nous sommes allés voir l'expo Dior à Paris. Ça m'a plu, mais je suis derrière Cécile. C'est tellement son domaine ! Ça m'intéresse aussi de voir ce que font nos clientes qui nous apportent leurs ouvrages. Elles ont un talent incroyable ! Mais tout le côté technique de la couture je n'ai pas encore eu le temps d'apprendre à coudre. Et puis Cécile coud tellement bien…

Quel regard jetez-vous sur l'évolution de votre secteur ?

Depuis 20 ans on a changé de métier. Tout le monde coud aujourd'hui, les hommes, les enfants et ça c'est nouveau. Les machines ont beaucoup évolué et ça les rend beaucoup plus accessibles. Dans les machines à broder on a beaucoup d'hommes qui, soit brodent, soit travaillent avec leur épouse pour la partie technique et les logiciels. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui sont installés en auto-entrepreneur et qui font des ouvrages, des sacs, des broderies… Ça a ouvert la porte à de nombreux créateurs et c'est génial.

Comment imaginez-vous l'avenir du secteur de la couture ?

Pour les années à venir, l'évolution technique et technologique s'accélère. Les machines à coudre qui vont sortir en 2018 ont des nouveautés très importantes. La "Scan and Cut" est en train de devenir l'intermédiaire entre une imprimante classique et une imprimante 3D.  Cela nous ouvre de nouveaux marchés et une nouvelle clientèle. Nous, au niveau du magasin on commence à être un peu court en place. On a aussi refait notre site internet parce que ça répond à une demande des clients de beaucoup s'informer sur les machines et les ateliers. Même si nos clients continuent à venir à la boutique pour bénéficier de la formation. On s'adapte à la demande croissante de la formation à la couture sur Grenoble, aux demandes de cours et de perfectionnement.

Que pensez-vous de l'engouement pour la couture ?

Depuis trois ou quatre ans ça explose complétement. C'est devenu une vraie mode et c'est magnifique. La couture c'est un plaisir. Ce sont des moments à soi où l'on réalise et où l'on se réalise. C'est un moment de plaisir pour soi comme le yoga, même si on coud pour les autres. Et aujourd'hui les gens sont en recherche de ce genre de moments perso où l'on allie à la fois ce plaisir et cette créativité.